Présentation par Coralie Mantion, vice-présidente en charge de l’urbanisme, et commentaire critique d’Alenka Doulain
Auteur/autrice : eau34
Gestion de l’eau et de l’assainissement lors du conseil métropolitain du 1er juin 2023
Le point sur le souhait de la commune de Clapiers de rejoindre la régie des eaux de la métropole de Montpellier.
Présentation du compte d’administratif 2022 de la métropole de Montpellier avec une remarque sur la place du budget annexe de l’assainissement dans celui-ci.
Commentaires soumis pour la concertation sur le projet de valorisation énergétique des boues de Maera
I. Dossier de la concertation préalable
II. Les 2 contributions écrites par Eau Secours 34 et soumises lors de la concertation
1er avril 2023
Je remercie la régie des eaux et la métropole de Montpellier pour cette concertation préalable sur la future filière de traitement des boues de Maera, notamment la dernière étape du traitement intitulée « unité de valorisation énergétique des boues » consistant à incinérer les boues résiduelles après l’étape précédente de biométhanisation et digestion anaérobie. Mais je regrette que le dossier de concertation ne soit pas aussi objectif et clair qu’il prétend l’être, ce qui limite la portée et l’intérêt de la concertation.
Les 4 scénarii pour la filière de traitement des boues, étudiés en étude préliminaire, sont présentés sommairement en page 4 du dossier puis évalués qualitativement selon 4 enjeux mis en avant par le maître d’ouvrage. Celui-ci justifie le choix du scénario 4 (« unité de valorisation énergétique des boues », c’est-à-dire incinération des boues résiduelles) parce qu’il est selon lui le seul à répondre parfaitement aux 4 enjeux. Le scénario 4 est alors décrit plus en détail. Or, la présentation et l’évaluation des différents scenarii ainsi que la description détaillée du scénario 4 retenu par le maître d’ouvrage sont entachées d’omissions, d’erreurs et de contre-vérités. Cela va être difficile dans ces conditions d’avoir des contributions à la concertation avec des questions et des avis pertinents de la part des usagers, quelque soit leur connaissance du sujet. Il suffit de lire les rares contributions écrites pour s’en convaincre.
Je m’étonne par ailleurs qu’il n’y ait aucun chiffrage du rapport coûts/bénéfices même sommaire des différents scénarii, sachant que la part assainissement de notre facture d’eau va augmenter systématiquement dans les années qui viennent pour couvrir les coûts d’investissement (modernisation/extension de Maera) mais aussi les coûts d’exploitation. En page 19, le coût d’investissement de l’unité de valorisation énergétique des boues est estimé à 14,6 millions d’euros. Mais il n’y aucune estimation de son coût d’exploitation qui n’est pas nul puisqu’il faudra embaucher 7 personnes supplémentaires pour l’exploitation de cette seule unité de valorisation énergétique des boues.
L’étape de biométhanisation et digestion anaérobie est présentée en page 9 du dossier. La technologie de dessablage MERCANT n’existe pas ; il s’agit très probablement de la technologie MECTAN brevetée par Veolia. D’ailleurs toutes les technologies retenues dans la filière de traitement des boues sont des technologie d’origine et sous brevet Veolia : MECTAN (dessablage), Spiflow (flottation des MES), Biostyr (biofiltration), Pyrofluid (incinération). Il aurait été intéressant d’indiquer les technologies de dessablage, flottation des MES, biofiltration et incinération concurrentes à celles de Veolia et de justifier en quelques mots le choix de ces dernières.
Le scénario 1 consiste à éliminer les boues résiduelles par oxydation par voie humide. L’ oxydation par voie humide est une incinération mais à plus basse température que l’incinération décrite dans le scénario 4 (370°C au lieu de 870°C). L’oxydation par voie humide pose plusieurs problèmes dont certains sont partiellement résolus soit par Mineralis (technologie Suez) soit par Athos (technologie Veolia). Le problème principal est la corrosion des pièces mécaniques métalliques par les résidus minéraux chauds et chargés d’oxydants. La corrosion entraîne un coût d’exploitation très élevé puisqu’il faut régulièrement changer les pièces mécaniques. C’est la raison pour laquelle l’oxydation par voie humide est peu utilisée par les stations d’épuration françaises et non pas le fait qu’elle soit énergivore. La chaleur dégagée par la réaction d’oxydation peut être récupérée pour préchauffer les boues, ce qui contredit l’affirmation « ne produit aucune énergie » en page 14. La station d’épuration de Rennes Beaurade utilise depuis 2012 la technologie Athos d’oxydation par voie humide ; l’exploitant de la station d’épuration a constaté que les résidus minéraux contenaient parfois des quantités importantes de métaux lourds et de « forever chemicals » (PFAS et autres) ne permettant pas leur utilisation en remblai et en voirie.
Il y a 3 stations d’épuration françaises utilisant la technologie Athos d’oxydation par voie humide contre 6 stations d’épuration françaises utilisant la technologie Pyrofluid d’incinération du scénario 4. La technologie Pyrofluid n’est pas si répandue que cela non plus. Contrairement à l’affirmation page 18, les précurseurs des dioxines et des furanes sont bien présents dans les boues d’assainissement de Maera et plus particulièrement en temps de pluie. En effet, le réseau de collecte des eaux usées étant en partie unitaire, c’est par les eaux de pluie collectées après plus ou moins de ruissellement par le réseau unitaire que les boues d’assainissement vont se charger de ces précurseurs et de métaux lourds. Leur présence explique en partie le refus de bon nombre agriculteurs d’épandre dans leurs champs les boues sous forme de compost (scénario 2) ou après séchage thermique (scénario 3). Dans le cas du scénario 4, la combustion des boues par la technologie Pyrofluid va donc produire plus ou moins de dioxines et de furanes qu’il faudra éliminer avec les métaux lourds par adsorption sur charbon actif.
Après ce long préliminaire, voici mon avis et mes questions. L’ unité de valorisation énergétique des boues (scénario 4) est la moins mauvaise solution mais comme pour toute solution basée sur l’incinération des boues résiduelles, il faut que l’on nous indique précisément qu’elle va être le devenir des produits d’incinération (résidus minéraux, REFIB et charbons actifs saturés de dioxines, furanes et métaux lourds). Il est dit page 16 que les résidus minéraux sont valorisables à 95-99 % en remblai ; c’est des chiffres données par Veolia mais est-ce que cela se vérifie dans les qqs stations d’épuration qui utilisent ce type de procédé d’incinération ? Il est dit page 16 que les REFIB seront évacués en installation de stockage de déchets non dangereux mais où ? Il serait temps que les sites de stockage de déchets soient sur le territoire de la ville de Montpellier qui est la source de l’essentiel de ces déchets et non plus sur le territoire des communes limitrophes. Rien n’est dit sur le devenir des charbons actifs qu’il faut bien changer au bout d’un certain temps. Une ISDND ne peut pas recevoir ces charbons actifs dégradés qui sont des déchets très dangereux. Alors où seront-ils stockés et dans quelles conditions ?
2 avril 2023
La Régie des eaux a décidé, en tant que Maître d’Ouvrage, de lancer une concertation préalable dans le cadre des articles R121-19 et L121-16 du Code de l’Environnement. En réalité la concertation a commencé depuis très longtemps, puisque les habitants de Lattes et des associations environnementales ont dénoncé les faiblesses de cette station d’épuration, laquelle n’a jamais répondu aux objectifs fixés par le Président de l’Agglomération de l’époque (2006). Comme il s’agit d’un projet global Modernisation/Extension et Unité de Valorisation Energétique (UVE) avec incinération des boues, on ne peut pas dissocier son extension de la valorisation thermique des boues. Lors de l’enquête publique sur la Rénovation/Modernisation/extension de la station d’épuration de Maera, son extension a été refusée ou non souhaitée sur ce lieu par une très large majorité de citoyens ainsi que par toutes les associations environnementales qui se sont exprimées. Je constate qu’il a été plus facile pour la Métropole de justifier cette demande d’extension par l’annonce d’une modernisation afin d’atténuer les contre-performances de celle-ci pour permettre, aux yeux des habitants, de justifier le montant très onéreux de 165 millions d’euros par de nouveaux investissements pour cette seconde rénovation, extension et modernisation de Maera et faire oublier une gestion globale déficiente. C’est également l’occasion de faire oublier le manque d’anticipation des besoins à venir de la gestion globale des stations d’épuration de Montpellier Métropole afin de nous proposer un projet qui puisse répondre à une gouvernance de long terme en prenant en compte l’adaptation aux dérèglements climatiques. Voici la présentation de l’extension-rénovation de la station d’épuration de la Céreirède à Lattes en 2006 telle qu’elle a été vendue aux habitants de l’Agglomération : « Maera, c’est une station pour le futur et un équipement en faveur du développement durable. Sa capacité de traitement est de 470 000 équivalents-habitants avec un débit moyen de 130 000 m3/jour. La restitution d’une eau épurée à près de 95 % et un rejet en mer des plus performants. Un process innovant, c’est aussi d’agir ainsi pour l’avenir … Ni odeur, ni bruit… l’assurance du meilleur taux d’épuration possible à ce jour, la garantie de la qualité des eaux de baignade sur le littoral maritime, la réhabilitation du Lez et des étangs, le traitement des premières eaux de pluie (les plus chargées en pollution), la suppression des nuisances sonores et olfactives de proximité… La Rolls-Royce des stations ? » En réalité, Maera n’a jamais répondu à tous les critères du contrat passé entre les élus de l’Agglomération avec les habitants de l’Agglomération puisque, sauf erreur ou omission de ma part, nous n’avons jamais obtenu la totalité des effets positifs qui étaient annoncés. Aujourd’hui, on veut reproduire, en pire, ce qui a été un échec hier, à partir de l’extension/Rénovation/modernisation de la station de d’épuration de la Céreirède, mise en service en 2006 sous le nom de Maera. On nous propose un projet qui est dénué de tout « bon sens », situé sur une zone inondable (sauf si une étude récente peut prouver le contraire), alors que le bassin versant du Lez s’artificialise chaque jour davantage (185 hectares pour la seule ville de Montpellier sur 12 ans, entre 2009 et 2020). Alors que le cycle de l’eau en France à l’horizon 2050 montre que nous sommes en périodes de sécheresse météorologique, agricole et hydrologique, que le futur de l’eau en 2050 est très inquiétant, Montpellier Métropole décide d’augmenter la capacité de traitement afin de l’envoyer en mer en pure perte… Quelle absurdité ! Alors que l’on aurait pu et que l’on pourrait encore avoir un projet global de gestion des eaux usées qui puisse répondre au « bon sens », à l’intérêt général, à l’adaptation aux dérèglements climatiques avec une vision à long terme à contrario du projet proposé. Comment peut-on accepter l’inacceptable sur ce lieu, alors que le projet global ne répond, ni au « bon sens », ni à l’intérêt général, ni à l’adaptation aux dérèglements climatiques ?
Afin de répondre aux besoins, à l’intérêt général et à l’adaptation aux dérèglements climatiques, il était et il serait nécessaire (ancienne demande) :
• De réduire le nombre de villes raccordées à Maera aux villes de Montpellier et celles qui sont situées en aval, (permettant d’assainir la zone littorale) et la laisser à sa capacité à 470 000 EH.
• De créer ou permettre des extensions à deux stations déjà existantes (ou plus, en fonction des besoins) situées au Nord-est et l’autre au Nord-ouest et dont la capacité de chacune serait de 50 000 EH avec extension possible à 100 000 EH et permettre la réutilisation des eaux traitées, là ou le besoin existe.
• De centraliser le traitement des boues à l’ensemble des stations d’épuration de la Métropole, hors Lattes, sur une plateforme à l’écart d’habitations dont Maera y serait connectée directement par une canalisation en évitant ainsi les transports par camions et prévoir le même principe pour d’autres stations (celles dont les capacités sont les plus importantes)
• Choix du traitement des boues sur ladite plateforme, soit par compostage ou par UVE en fonction d’un choix, avantages/inconvénients/Coûts.
Ce projet d’extension/modernisation de la station Maera et UVE avec incinération des boues, ne résoudra pas l’ensemble des problèmes, au mieux, il les améliorera, mais pour combien de temps ? Il ne génèrera que des perdants pour les habitants de la Métropole : pour le Sud, des pollutions aggravées et au Nord, la perte d’eau douce pour alimenter les nappes phréatiques plus utilisations diverses… Quant au projet du traitement des boues sur le site de la Céreirède, nous le percevons comme une indécence environnementale et un manque de respect vis-à-vis de la santé des habitants de Lattes qui subissent déjà le plus grand nombre de pollutions de la Métropole. Alors que l’on nous propose, aujourd’hui, une concertation préalable, on constate que le calendrier des travaux est prévu depuis le 22 octobre 2022 avec son démarrage en juin 2023 pour un montant de 165 millions d’euros d’un marché total de 249 millions d’euros et une fin des travaux en juin 2027.
Moralité : Non à l’extension de la station d’épuration à 660 000 ou 695 000 EH (équivalent habitant) ! Non à la création d’une unité de valorisation énergétique avec incinération des boues de Maera sur le site de la Céreirède.
III. Bilan de la concertation préalable
La régie des Eaux de la métropole de Montpellier, maître d’ouvrage du projet, a répondu à seulement une partie de nos questions et demandes dans le bilan.
Travaux de restauration d’une zone humide alluviale sur la Mosson à Lavérune
Ce projet porté par l’EPTB Lez et financé entre autres par l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse a été présenté lors du salon AdNatura qui s’est tenu le 28 octobre 2022 à Montpellier.
Le diaporama de la présentation
Les vidéos accompagnant la présentation
Salinisation des eaux et des sols en zones côtières méditerranéennes
Présentation par François COLIN (Institut Agro Montpellier, UMR G-EAU) lors d’une réunion de membres des chaires Agrosys et EACC, le 28 octobre 2022.
Un choix technique contestable pour gérer les eaux pluviales et le risque d’inondation à l’université Paul Valéry
A Montpellier comme dans la plupart des grandes villes françaises, l’imperméabilisation des sols consécutive au développement urbain a fortement augmenté le ruissellement des eaux pluviales et donc le risque d’inondation. Contraintes et forcées, les villes se sont mises à gérer leurs eaux pluviales et elles ont décidé de le faire par un système « tout tuyaux », constitué par un réseau de collecte d’abord unitaire puis séparatif, et par des bassins de rétention stockant les eaux pluviales avant de les déverser dans le réseau de collecte. C’est le cas de Montpellier dont le réseau de collecte est très majoritairement séparatif à l’exception du centre historique (voir carte ci-dessous) et qui a construit à tour de bras des bassins de rétention enterrés ou à l’air libre raccordés à son réseau de collecte.
Cependant, depuis une vingtaine d’années, de plus en plus de villes prennent conscience des limites du « tout tuyaux » : coût élevé des infrastructures, pollution des milieux naturels, report et aggravation du risque d’inondation vers l’aval. Certaines de ces villes ont commencé à expérimenter avec succès des solutions alternatives au « tout tuyaux » comme l’infiltration à la parcelle. Ces solutions alternatives visent à gérer les eaux pluviales au plus près de là où elles tombent, réduisant de fait le ruissellement et les problèmes qui en découlent, et peuvent même améliorer la qualité de vie des habitants (lutte contre les îlots de chaleur, aménagement d’espaces verts etc). Les agences de l’eau préconisent désormais ces solutions alternatives qui permettent la déconnexion de parcelles au réseau de collecte et la (re)constitution d’une trame bleue et verte. Or, il y a plusieurs prérequis à la mise en œuvre de ces solutions alternatives ; il faut du foncier disponible pour l’infiltration (surfaces perméables ou désimperméabilisables), il faut que les services administratifs de la ville perçoivent l’intérêt de ces solutions et enfin les élus locaux doivent faire preuve d’une réelle volonté de changer de politique d’urbanisation. Ces prérequis n’existent pas vraiment à Montpellier comme le montre la construction d’un nième bassin de rétention devant l’entrée principale de l’université Paul Valéry à l’emplacement de l’ancien parking.
Lorsqu’il pleut sur le secteur qui va du FDI stadium à l’université Paul Valéry, les eaux pluviales ruissellent le long de l’avenue du Val de Montferrand et de la route de Mende et à travers le campus jusqu’à la place de la Voie Domitienne et même au delà. En cas de pluies moyennes à fortes, c’est un petit torrent qui dévale en direction de la place de la Voie Domitienne et cela d’autant plus facilement que le terrain est en légère pente vers Paul Valéry avec un sol très imperméable résultant de l’urbanisation anarchique qui a longtemps prévalu dans le quartier.
La modernisation de l’université Paul Valéry va augmenter la surface imperméabilisée du campus. En effet, plusieurs bâtiments sont en cours de construction et d’autres en cours d’extension ; le plus grand d’entre eux, l’atrium va occuper 15000 m² sur 4 niveaux soit 3750 m2 au sol. La place de la Voie Domitienne de 6500 m² va être réaménagée mais sans changer le rapport entre surfaces imperméabilisée et perméable : l’ancien parking de 4500 m² sera remplacé par un parvis en béton tramé à l’entrée de l’université ; l’espace vert de 2000 m² avec ses quelques arbres se transformera en parc et sa « qualité paysagère » sera améliorée (dixit la métropole de Montpellier). Comme l’espace vert de la place de la Voie Domitienne et les quelques toits végétalisés des nouveaux bâtiments (dont celui des moyens généraux) ne peuvent « compenser » l’augmentation du ruissellement et du risque d’inondation, il n’y a pas d’autre solution que de faire appel une fois de plus au « tout tuyaux ». En 2018, les principaux financeurs du projet de modernisation de l’université Paul Valéry (ministère de l’éducation nationale, région Occitanie, métropole de Montpellier) avaient présenté le projet aux habitants du quartier mais sans donner aucun détail sur l’aménagement hydraulique prévu pour gérer au mieux les eaux pluviales. Ce n’est que début juillet que Eau Secours 34 a pu obtenir des informations précises sur l’aménagement hydraulique et son fonctionnement.
Comme pour l’université des sciences de Montpellier, l’aménagement hydraulique sera un bassin de rétention des eaux pluviales enterré doté d’une dalle et de parois de béton étanche. Il sera situé sous le parvis et pourra stocker jusqu’à 4600 m³ d’eau de pluie. Lors de la visite de ce chantier organisée pour la presse le 5 juillet, il a été précisé que ce bassin ne pourra recevoir la totalité des eaux de ruissellement que pour des pluies d’occurrence décennale ; par conséquent, le bassin débordera en cas de pluies plus fortes et déversera automatiquement le surplus dans le réseau de collecte des eaux pluviales en aval. Ce bassin réduira donc le ruissellement et le risque d’inondation associé sur le secteur tout en les augmentant à l’aval, comme c’est toujours le cas avec ce type d’ouvrage.
Mais de cela il n’en a pas été question lors de la visite du chantier, pas plus que de la technique utilisée pour retirer les sédiments chargés de micropolluants qui vont s’accumuler au fond du bassin. Eau Secours 34 a pris connaissance officieusement de la technique de curetage et c’est la pire technique d’un point de vue environnementale. La régie des eaux de la métropole de Montpellier fournira de l’eau potable qui sera injectée à 230 l/s au fond du bassin pour décrocher les sédiments ; les sédiments dilués seront déversés dans le réseau de collecte des eaux pluviales qui elles-mêmes se déverseront ensuite dans un cours d’eau (ruisseau du Chambéry puis Verdanson et Lez) avec leur charge de micropolluants.
Dans ces conditions, il n’est pas surprenant que les cours d’eau et en premier le Lez et la Mosson soient très loin d’atteindre le bon état au sens de la directive cadre sur l’eau. Utiliser de l’eau potable est aussi une idée pour le moins étrange alors que la régie investit fortement pour réduire les fuites sur son réseau de distribution et incite les usagers à économiser l’eau potable. Espérons au moins que les volumes d’eau potable utilisés seront facturés par la régie.
Cartographie de la gestion de l’eau sur le territoire de la métropole de Montpellier
Les cartes présentées ci-dessous proviennent du système d’information géographique de la métropole de Montpellier et de Copernicus, un programme d’observation de la Terre piloté par l’Union européenne. Elles sont d’accès libre.
Les cartes du système d’information géographique sont établies à partir de données d’origines diverses. Certaines cartes ont des données manquantes. Les services administratifs de la métropole devront donc intégrer ces données manquantes dès que possible, tout en effectuant des mises à jour régulières.
Les cartes de Copernicus sont établies à partir de données d’observation par satellite et in-situ. Copernicus est opérationnel depuis 2012. Par conséquent, les cartes permettent de suivre l’évolution de la couverture terrestre et de l’utilisation des terres que depuis 2012.
Balade naturaliste à Saint Jean-de-Vedas
Le 26 mars 2022, Eau Secours 34 a participé à une balade organisée par FNE LR au sud de Saint Jean-de-Vedas, un territoire remarquable sur le plan naturaliste et déjà partiellement détruit et morcelé par les aménagements péri-urbains de la métropole montpelliéraine.
Nous nous sommes baladé dans le secteur constitué par la Lauze Est et les espaces naturels et agricoles environnants. Ce secteur entouré par des routes et des zones urbaines présente un fort enjeu en terme de biodiversité et de préservation d’espace naturel. Mais la balade a aussi mis en évidence deux autres enjeux, d’une part un enjeu agricole et d’autre part un enjeu GEMAPI.
La métropole de Montpellier a prévu de construire des bâtiments pour de la petite et grande logistique sur les 20 ha de la Lauze Est. De plus, la LNMP traversera une forêt de chênes verts (Bois de Maurin) et des terres agricoles au sud de la Lauze Est.
Biodiversité et espace naturel
Le secteur visité forme une enclave verte dont la biodiversité est pour l’instant relativement préservée. En particulier, la forêt de chênes verts héberge une faune et une flore typiquement méditerranéennes dont certaines espèces sont protégées.
Il va sans dire que la réalisation des projets d’aménagement notamment la LNMP vont porter atteinte à la biodiversité dans ce secteur.
Agriculture
Il y a plusieurs vignes, une prairie où pâturent des chevaux camarguais et un petit champ de céréales sur le secteur.
Selon le CCVM, les 2/3 de ces terres agricoles sont de bonne qualité. Elles mériteraient donc un autre sort que d’être bétonnées ou laissées à la viticulture et au pâturage de chevaux camarguais d’un particulier.
La plupart des parcelles agricoles destinées à la plateforme logistique de la Lauze Est ont été acquises par l’Etablissement Public Foncier d’Occitanie (service de l’Etat), en vue d’être rétrocédées à la métropole de Montpellier puis à l’aménageur délégué (SA3M). Une vigne de 4 ou 5 ha de bonnes terres au milieu du Bois de Maurin sera quant à elle traversée par la LNMP. Autant de terres où la réalisation de projets d’agroécologie ne sera plus possible…
Milieux aquatiques et prévention des inondations
L’eau est omniprésente dans le secteur visité avec 2 petits cours d’eau (Capoulière, Rieu Coulon) et plusieurs mares.
La balade a eu lieu une semaine après les fortes pluies qui ont frappé le territoire de la métropole de Montpellier, et Le sol était encore gorgé d’eau et les fossés pleins d’eau. Ce n’est pas une surprise sachant qu’une partie du secteur est en zone inondable (zone rouge du PPRI à laquelle s’ajoute une zone de part et d’autre de la Capoulière identifiée aussi comme inondable par une étude hydraulique d’Egis).
Le dossier de création de la ZAC Lauze Est publié en décembre 2019 prévoit des aménagements hydrauliques pour mettre “hors eau” le secteur. Egis y propose comme cela a été fait pour la gare Sud de France de construire des bassins de rétention et il faudra aussi probablement construire des remblais pour contrôler l’écoulement de l’eau.
Alors que la LNMP va devoir traverser la Capoulière et le Rieu Coulon, nous n’avons aucune information sur comment cette traversée va se faire. Il est peu probable pour des raisons de coût que la LNMP passe par dessus les 2 cours d’eau via un aqueduc. Une autre solution moins onéreuse mais plus dommageable pour les milieux aquatiques pourrait consister à canaliser les 2 cours d’eau et à les faire passer sous la ligne TGV.
Quoiqu’il en soit, tous les aménagements hydrauliques envisagés artificialisent les milieux aquatiques (c’est une constante dans les préconisations d’Egis) et vont à l’encontre des solutions basées sur la nature que préconise l’agence de l’eau RMC.
Et ce n’est pas tout…
A ces projets s’ajoutent ceux de l’échangeur du Contournement Ouest de Montpellier (COM), deux nouveaux ronds-points, et l’élargissement des routes, sans compter le très controversé projet du LIEN (Liaison Intercommunale d’Evitement Nord) un peu plus au Nord.
L’urbanisation galopante fait rage à l’Ouest et au Nord de Montpellier, au mépris des objectifs de Zéro Artificialisation Nette en 2040 (objectif de la région et de la métropole), de la volonté affichée de préserver une ceinture verte avec reconquête de terres agricoles et naturelles, et de la nécessité de réduire les déplacements et transports routiers.
Inauguration de l’étage 105
A l’occasion de la Journée mondiale de l’eau du 22 mars 2022 a eu lieu l’inauguration de l’étage 105 par la métropole de Montpellier.
L’étage 105 est un surpresseur qui sécurise et renforce l’alimentation en eau potable de communes du Nord et de l’Ouest de la métropole de Montpellier à partir du réservoir de Montmaur sur le site de l’usine de potabilisation François Arago.
Le coût des travaux de réalisation de l’étage 105 d’un montant de plusieurs millions d’euros a été entièrement pris en charge par la Régie des eaux de Montpellier Méditerranée Métropole et représente à ce jour son investissement le plus important dans les infrastructures hydrauliques.
Le ballon amortisseur (réservoir Massal) protège les conduites d’eau en aval de l’étage 105 contre les coups de bélier, au redémarrage des pompes.
PFAS et qualité des eaux
Présentation de l’ANSES lors du webinaire Quelle prise en compte des polluants émergents dans les eaux destinées à la consommation humaine, organisé par l’ASTEE le 1er février 2022.