Communiqué de presse du 25 janvier 2022.
La Journée Mondiale des Zones Humides aura lieu le 2 février, date anniversaire de la signature de la Convention Ramsar, sous l’égide des Nations Unies.
Les zones humides sont non seulement des réservoirs de biodiversité mais elles sont également cruciales pour la gestion durable des ressources en eau, tant d’un point de vue quantitatif (recharge des nappes) que qualitatif (épuration). Elles atténuent les inondations et les tempêtes côtières et fournissent de l’eau en période de sécheresse, limitant ainsi les effets du changement climatique.
Or, les zones humides régressent partout dans le monde sous de multiples pressions anthropiques (occupation des terres et drainage des sols par l’agriculture intensive et l’urbanisation, augmentation des prélèvements en eau, extraction minière). En France, on estime que près de deux tiers de la superficie des milieux humides a disparu depuis le début du XXe siècle. Les zones humides du pourtour méditerranéen ont perdu quant à elles environ 50 % de leur superficie au cours du XXe siècle, d’après l’Observatoire des Zones Humides Méditerranéennes.
Partant de ces constats, la Journée Mondiales des Zones Humides appelle à des actions pour préserver les zones humides actuelles et restaurer celles que nous avons dégradées.
Qu’en est-il des zones humides (marais et prairies humides) en périphérie des étangs palavasiens ?
La disposition 6B-04 du SDAGE Rhône Méditerranée et l’objectif de “zéro artificialisation nette” inscrit dans la loi Climat et Résilience du 22 août 2021, devraient en théorie amener à revoir les projets d’aménagement entraînant la disparition ou la dégradation de zones humides au Sud de Montpellier. Il n’en est rien comme le montrent les projets d’aménagement suivants :
Le projet de ZAC Ode Acte 2 s’étend sur 112 ha et concerne les communes de Lattes et Pérols. Sur ces 112 ha, seuls 12,5 % des espaces naturels seront préservés. 49,8 ha seront urbanisés en plus de l’existant, détruisant ou dégradant au passage de nouvelles portions de zones humides. Le secteur du Fenouillet est construit sur une grande zone humide dont il ne subsiste aujourd’hui qu’une minuscule étendue d’eau servant de bassin de rétention pour tenter de limiter les risques d’inondation. Son intégration dans Ode Acte 2 ne va pas changer la donne vu qu’il n’est question ni de désimperméabiliser ni de restaurer une partie de la zone humide mais seulement de rénover ou remplacer des centres commerciaux par des logements. Les 82 ha du marais de l’Estanel sont l’habitat de nombreuses espèces protégées (oiseaux, batraciens…) et l’eau de cette zone humide provient d’une nappe perchée affleurante. Le marais récupère et stocke les eaux issues du ruissellement pluvial des secteurs urbanisés environnants (Soriech, Estagnol, Delta, Pôle autonomie…) et contribue ainsi à réduire les risques d’inondation. Il est prévu dans le projet Ode Acte 2 une urbanisation supplémentaire de ces secteurs entraînant un apport d’eaux pluviales plus important dans le marais. Dans un rapport daté de 2016, le bureau d’études Egis préconisait plusieurs aménagements hydrauliques (remblai sur 1 ha, ouvrages de traitement des eaux pluviales, berge du fossé au sud rehaussée) pour stocker le surplus d’eaux pluviales et donc compenser l’imperméabilisation. L’artificialisation résultant de l’urbanisation autour du marais et de sa transformation en bassin de rétentions des eaux pluviales auraient un impact négatif sur la faune et la flore. Michael Delafosse et les élus majoritaires au sein du conseil de la métropole de Montpellier ont promis d’améliorer le projet Ode Acte 2 d’un point de vue environnemental mais ils ne semblent pas envisager d’abandonner l’urbanisation supplémentaires des secteurs autour du marais de l’Estanel pas plus que de revoir les aménagements hydrauliques pour en limiter leur impact.
Le projet entre les Cabanes de Pérols et les 4 canaux de Carnon, commun à la métropole de Montpellier et à l’agglomération du Pays de l’Or, consiste en divers aménagements touristiques accompagnant la remise au gabarit du Canal du Rhône à Sète. Il est prévu la création de guinguettes, d’anneaux supplémentaires pour les bateaux de plaisance dans le canal du Hangar et plus inquiétant encore la construction d’un équipement constitué d’un platelage sur la zone humide dite du « Triangle » qui permettrait de visiter cette zone en bord d’étang de l’Or. Le Triangle est une zone humide qui s’est créée en empiétant sur une partie de l’étang de l’Or suite à la construction de la 4 voies sur La Grande Motte. Les maîtres d’ouvrage communiquent très peu en direction des habitants des communes concernées mais il ne fait aucun doute que ces aménagements vont continuer à dégrader ces écosystèmes fragiles que sont les zones humides littorales et les étangs.
La décharge du Thôt a été installée sur 52 ha du marais de Gramenet à Lattes. La décharge a stocké les déchets de la ville de Montpellier et de quelques communes avoisinantes de 1965 jusqu’à son arrêt en 2006. La hauteur de la décharge était à ce moment-là de 32 m alors qu’elle ne devait pas dépasser 2,5 m. Située en zone inondable entre 0 et 1 m au-dessus du niveau de la mer, la décharge est très proche de 3 cours d’eau (la Mosson, le Rieucoulon et le Lantissargues) et d’une zone humide classée « Natura 2000 » donnant accès à l’étang de l’Arnel et au Lez. Sachant que l’étanchéité du fond de la décharge n’est pas certaine et que les risques d’inondation sont importants, des transferts de pollution vers ces cours d’eau et l’étang de l’Arnel ne sont pas à exclure, même en dehors des crues du Rieucoulon, du Lantissargues et de la Mosson.
Un des déclinaisons stratégiques du SCOT révisé de la métropole de Montpellier et de son PLUi en cours d’élaboration est la préservation d’espaces naturels dont les zones humides et les étangs palavasiens sont une composante essentielle. Mais est-ce que les SCOT et PLUi de la métropole de Montpellier et de l’agglomération du Pays de l’Or mettront un frein effectif à la destruction et à la dégradation des espaces naturels causées par une urbanisation et un développement du tourisme jusqu’alors incontrôlés sur le littoral ? Rien n’est moins sûr, car les projets d’aménagement en cours continuent de privilégier les intérêts à court terme plutôt que les bénéfices à long terme qu’apportent la préservation et la restauration des zones humides et des étangs ; et la perturbation des écoulements et niveaux d’eau par ces projets d’aménagement menacerons encore plus les biens et les personnes.
Contacts des associations cosignataires du communiqué de presse
Eau Secours 34
– Email : eau34 @ orange.fr
– Téléphone : 06 08 25 91 15
Mosson Coulée Verte
– Email : mosson.coulee.verte @ laposte.net
– Téléphone : 06 72 66 90 12
ODAM – Observatoire Déchets Environnement Santé de Montpellier Métropole
– Téléphone : 06 52 69 84 30
ASPRI – Association pour la Survie des étangs et la Protection contre les Risques d’Inondation
– Téléphone : 06 08 18 24 91