Eau Secours 34 est une association d’usagers de l’eau active depuis une quinzaine d’années sur le département de l’Hérault mais avec un focus plus marqué sur le territoire de la métropole de Montpellier. Eau Secours 34 s’intéresse non seulement aux services publics locaux de l’eau potable et de l’assainissement, mais aussi aux services publics locaux de l’eau brute, de la gestion des eaux pluviales urbaines et de la GEMAPI. Eau Secours 34 est membre de FNE Occitanie Méditerranée, et à ce titre un adhérent de Eau Secours 34 représente FNE Occitanie Méditerranée au sein du bureau de la Commission Locale de l’Eau Lez-Mosson-Etangs Palavasiens. Un adhérent de Eau Secours 34 est aussi membre du Conseil d’Administration de la régie des eaux de Montpellier Méditerranée Métropole. Nous sommes aussi régulièrement sollicités pour participer à des commissions diverses telles que le récent comité de pilotage du Schéma Directeur Eau Brute de la métropole de Montpellier.
Nous avons aussi pris l’habitude de participer aux débats publics organisés par la CNDP et de contribuer aux enquêtes publiques lorsque l’eau est un des enjeux à prendre en compte. C’est le cas de l’enquête publique préalable à la déclaration d’utilité publique et enquête parcellaire pour la création d’une réserve foncière sur le secteur de Sablassou.
Nous tenons tout d’abord à exprimer notre étonnement face à cette enquête publique lancée en plein mois de juillet. Ce n’est pas la première fois qu’une enquête publique concernant le territoire de la métropole de Montpellier a lieu en été, mais c’est la première fois qu’une enquête publique est lancée via la procédure simplifiée avec un dossier aussi mal monté et pour une durée aussi courte. Quelle urgence y a-t-il à lancer cette enquête publique alors que les études d’impact environnemental sont loin d’être terminées et que le projet de réserve foncière doit se conformer au SRADDET et au SCOT qui sont en cours de révision, et au PLUi qui sera finalisé au plus tôt mi-2025 ? N’y a-t-il pas là une tentative de passage en force par le maître d’ouvrage des futurs aménagements des terrains de la future réserve foncière ?
Une aggravation du risque d’inondation par ruissellement des eaux de pluie
Le secteur englobant Sablassou a subi dans un passé pas si lointain de fortes inondations par ruissellement des eaux de pluie. C’est l’imperméabilisation du sol par des aménagements urbains sur des parcelles initialement naturelles ou agricoles qui a provoqué l’augmentation du ruissellement et donc les inondations. Si la réserve foncière est créée, ce processus (urbanisation-ruissellement-inondation) va se poursuivre sur les parcelles de la réserve foncière puisqu’un certain nombre d’ha ont vocation à être « aménagés » (immeubles, parkings, infrastructures de transport, etc.). Le PPRI pour le TRI de Castelnau-le-Lez est en cours de révision avec une prise en compte pour la première fois du risque d’inondation par ruissellement en plus de celui par débordement des cours d’eau. Il nous semble essentiel d’attendre les premières estimations sur le risque d’inondation par ruissellement avant de créer la réserve foncière. Il en va de la sécurité des biens et des personnes face au risque d’inondation à Sablassou.
Une diminution de la recharge de la nappe des sables astiens
Le Sablassou possède une nappe d’eau souterraine dans les sables astiens sous une couche loess-limon profonde d’environ 3 à 6 mètres. Une activité agricole a pu ainsi se développer dés le XIIème siècle grâce à la bonne qualité des terres loessiques et à leur capacité de rétention d’eau, mais aussi grâce à des norias, puits et forages prélevant de l’eau dans la nappe pour irriguer certaines cultures. Actuellement, plus de la moitié des norias, puits et forages sont abandonnés et/ou à sec, ce qui laisse supposer que la recharge de la nappe ne s’effectue plus aussi bien qu’avant. La couche loess-limon étant plutôt imperméable, la percolation de l’eau de pluie jusqu’à la nappe s’effectue dans les endroits où la couche loess-limon est de très faible épaisseur, au niveau des fossés et par les karsts situés au nord de la 113. L’explication la plus probable à la diminution de la recharge de la nappe est l’imperméabilisation du sol à ces endroits et le comblement de fossés. L’imperméabilisation du sol par des aménagements urbains sur des parcelles de la réserve foncière diminuerait d’autant la recharge de la nappe et porterait un coup terrible à l’activité agricole et au jardinage à Sablassou.
Une atteinte de plus à la trame verte et bleue
Sablassou fait partie d’une trame verte et bleue à l’Est de Montpellier. Cette trame est un ilot de fraicheur et de biodiversité très appréciée des habitants. La loi impose depuis 2021 dans les documents de planification (SRADDET, SCOT, PLUi) la préservation et la restauration de la continuité écologique et de la biodiversité au sein des trames vertes et bleues ou de ce qu’il en reste. Les aménagements urbains sur les parcelles de la réserve foncière en continuant de dégrader et fragmenter les habitats naturels iront à l’encontre de cet objectif vertueux.
Avis défavorable de Eau Secours 34
Notre avis sur ce projet de réserve foncière est défavorable pour les raisons indiquées ci-dessus, mais aussi parce que l’utilité publique telle qu’invoquée dans le dossier ne correspond pas avec l’idée que nous nous faisons de l’intérêt général et de sa défense sur le territoire de la métropole de Montpellier.